Description
Après la naissance à la scène de l’Orchestre National de Jazz le 3 février 1986 au Théâtre des Champs-Elysées, François Jeanneau s’attèle à la réalisation du tout premier album de l’ONJ, publié par Label Bleu, filiale de la Maison de la Culture d’Amiens. Pour le saxophoniste-directeur musical qui aime travailler dans l’urgence, l’enregistrement ressemble plutôt à un siège qui se fait dans la fièvre et les aléas des premières fois : « On a enregistré le disque assez rapidement. On faisait les trois-huit à Amiens. À toute heure du jour et de la nuit, il se passait quelque chose dans le studio. Ce disque correspond tout à fait à ce que je voulais faire. Le répertoire était varié. La seule chose que je regrette est que j’aurais dû jouer davantage. Mais on était tellement nombreux ! Dans un big band, il faut penser à tout le monde, ne jamais en laisser un derrière, c’est très important. » De fait, il est frappant de constater à quel point la notion de collectif ne se dépare jamais dans ce disque des qualités individuelles immenses des musiciens impliqués. Pour beaucoup, la découverte de personnalités comme Marc Ducret ou Andy Emler fut un choc. Et pourtant, la part de modernité des solistes a trouvé dans cet enregistrement volumineux (un double LP à l’époque) son parfait accomplissement avec un son d’ensemble très dense et très percutant.
On notera également l’harmonie de ce répertoire faisant la part belle à la création avec des thèmes composés et arrangés par François Jeanneau (Jazz Lacrymogène, Fantaisie Be Bop, Rag n’Roll, Kalimba) mais aussi par Denis Badault – futur chef de l’ONJ (Sur les marches de la piscine) ou Andy Emler (Superfrigo), ainsi que la mise en valeur de compositions extérieures à l’orchestre apportées par Christian Chevallier (Contrejours), par Michael Gibbs (Watershed), compositeur britannique de la même génération que Jeanneau et porté comme lui sur l’introduction d’éléments funk ou rock dans son écriture orchestrale, par Gil Evans (Waltz, interprété ici avec John Scofield à la guitare) et par John Coltrane (Syeeda’s Song Flute, réarrangé par Jeanneau). Soit une synthèse moderne de cette musique populaire devenue si savante.
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Following the birth of the Orchestre National de Jazz on stage at the Théâtre des Champs-Elysées on February 3, 1986, François Jeanneau set about producing the orchestra’s very first album, published by Label Bleu, a subsidiary of the Maison de la Culture d’Amiens. For the saxophonist-music director, who likes to work in a hurry, the recording process was more like a siege than a first-time fever: » We recorded the album quite quickly. We worked three shifts in Amiens. At all hours of the day and night, something was happening in the studio. This record is exactly what I wanted to do. The repertoire was varied. The only thing I regret is that I should have played more. But there were so many of us! In a big band, you have to think of everyone, never leave one behind, that’s very important. » Indeed, it’s striking how the notion of the collective is never at odds with the immense individual qualities of the musicians involved. For many, the discovery of the likes of Marc Ducret and Andy Emler came as a shock. And yet, in this voluminous recording (a double LP at the time), the soloists’ share of modernity found its perfect fulfillment in a very dense, hard-hitting ensemble sound. Few great orchestras have ever displayed such dynamics and explosiveness.
The repertoire is also harmoniously creative, with themes composed and arranged by François Jeanneau (Jazz Lacrymogène, Fantaisie Be Bop, Rag n’Roll, Kalimba), Denis Badault – future leader of the ONJ (Sur les marches de la piscine) and Andy Emler (Superfrigo), as well as compositions from outside the orchestra by Christian Chevallier (Contrejours), whose importance in French jazz history cannot be overstated, by Michael Gibbs (Watershed), a British composer of the same generation as Jeanneau and, like him, inclined to introduce funk and rock elements into his orchestral writing, by Gil Evans (Waltz, performed here with John Scofield on guitar) and by John Coltrane (Syeeda’s Song Flute, rearranged by Jeanneau). A modern synthesis of this popular music that has become so learned.